Le haut de la Ville de Namur en chamboulement complet avec le chantier de la gare multimodale ne devrait pas se calmer de sitôt. En effet, des travaux de rafraichissement du passage de la gare (souvent appelé galerie Wérenne), et une rénovation complète du quartier Léopold sont au programme.
Le projet de centre commercial namurois
Pour conforter l’attractivité du commerce namurois en centre urbain, il importe d’être en capacité d’accueillir de nouvelles surfaces commerciales plus grandes en plein cœur de ville, en connexion directe avec les commerces existants.
Ces nouveaux commerces permettront de faire baisser les loyers commerciaux et d’installer les enseignes qui font défaut. Ces dernières seront complémentaires aux commerces existants. Les uns renforceront les autres, et vice versa.
Un processus de co-construction a été lancé en 2018. Ce processus réunit habitants, commerçants, et usagers du centre-ville. Il devait aboutir au printemps 2019 à un rapport reprenant des recommandations soumises à l’autorité.
« Les premières esquisses seront présentées rapidement et la demande de permis devrait être introduite d’ici la fin de l’année. En comptant trois ans de travaux, on peut donc estimer que le chantier devrait arriver à son terme d’ici fin 2023. Ce projet a végété et a connu des difficultés pendant plus de dix ans, mais on sent aujourd’hui qu’il y a une réelle volonté d’avancer de part et d’autre ».
Frédéric van Marcke de Lummen —
Directeur de BesixRed (propriétaire du terrain et promoteur du projet)
Une menace pour les commerces existants ?
L’une des caractéristiques de la ville de Namur, c’est sa galerie commerciale à ciel ouvert bien sûr. De la rue de fer à la rue de l’ange ainsi qu’au détour de ruelles dans le vieux Namur, il y a un charme certain à découvrir les commerces de la ville.
Dès lors, est-ce que l’arrivée d’une galerie commerciale dans le haut de la ville ne mettrait pas à mal le fragile équilibre entre Jambes, le centre-ville de Namur et la périphérie ?
Un équilibre fragile
Actuellement, le centre-ville accueille principalement des commerces liés à la personne, dans des domaines tels que l’habillement, la beauté, ou encore la culture. Les quartiers périphériques quant à eux, accueillent plutôt des commerces alimentaires, d’ameublement ou encore de bricolage.
Cette complémentarité permet de faire de Namur une ville où l’animation du centre est garantie, ainsi que la prospérité de la périphérie. Cependant, il y a une ombre au tableau.
En effet, cette situation enviée d’autres villes attire de grandes enseignes, qui commencent cruellement à manquer d’espace. De moins en moins d’emplacements sont disponibles dans les rues de Fer et de l’Ange, ce qui a un double effet.
Non seulement les loyers augmentent, mais les rues avoisinantes commencent à être elles aussi occupées par les grandes enseignes. Le commerce namurois risque de perdre peu à peu son âme si rien n’est fait.
La concurrence des centres commerciaux avoisinants
Cependant, il est important de noter qu’une demande existe quant à l’existence d’un centre commercial. La preuve par la clientèle, qui semble quitter de plus en plus le Namurois, pour se rendre à Louvain-La-Neuve ou Charleroi pour faire ses achats. En 10 ans, la rue de Fer a perdu trois places au classement des artères commerciales les plus fréquentées de Belgique.
Voir un projet de centre commercial en périphérie serait problématique. L’équilibre précédemment décrit serait complètement rompu. C’est d’ailleurs l’avis de la Ville de Namur, qui a déjà dû repousser plusieurs projets de mégas centres commerciaux en périphérie ou dans les communes voisines.
Un autre projet avait été de réaliser un centre commercial sur le toit de la gare de Namur, cependant la ville a également refusé par crainte d’une défection du centre-ville. Ce qui a d’ailleurs mené à la création du projet de gare multimodale (bus et train).
Le prolongement
La gare des bus actuelle étant donc vouée à disparaître, c’est toute la place Léopold qui pourrait être réaffectée. Une opportunité parfaite d’aménager cette zone en centre commercial dans le prolongement de la rue de Fer, et de la rue de l’ange. Ce qui devrait maintenir une activité dans le centre tout en attirant les grosses enseignes ainsi qu’une nouvelle clientèle sur le haut de la ville.
Si on ajoute également un projet de rénovation du passage de la Gare (la galerie située en face de la gare de Namur), la rénovation du quartier des casernes, et la volonté de créer divers parkings (site confluence, palais de justice…), on comprend mieux l’autorisation de construction de la part de la Ville de Namur.
Rénovation du Passage de la gare, avec un peu de retard
Les travaux de rénovation du Passage de la gare, souvent appelé « Galerie Wérenne », censé commencer en février 2019 ont été repoussés de 6 mois, faute d’offre reçue.
« Personne n’a répondu à l’appel d’offres, mais ce n’est pas inquiétant », reconnaît l’échevin en charge des bâtiments Tanguy Auspert qui a repris le dossier au départ d’Arnaud Gavroy. « Nous l’avons publié à un moment où pas mal de sociétés avaient déjà rempli leur agenda pour 2019 et celles-ci ne répondaient plus forcément aux appels d’offres. Ici, le timing est différent et nous avons déjà reçu des questions et des manifestations d’intérêt envers le dossier », dit-il.
Les travaux devraient durer 90 jours. Il s’agit surtout d’intégrer ce passage public sur toute sa longueur ainsi qu’en façades d’entrée (place de la Station et rue de l’Inquiétude) dans le projet de rénovation du haut de la ville. Pour ce faire, une mise en valeur de ses atouts dont la verrière est prévue.
Le projet de rénovation de la galerie concerne :
- Le sol : le revêtement du sol sera résistant, facile d’entretien, antidérapant et dans l’esthétique de la galerie.
- L’égouttage et la reprise des eaux de toitures : les problèmes d’évacuation actuels seront éradiqués.
- Les plafonds et les façades seront décapés, nettoyés, mis en peinture et restaurés.
- Les verrières seront nettoyées, rénovées, voire remplacées.
- La sécurité : des caméras de surveillance seront installées.
- L’éclairage : Un éclairage durable, sécuritaire et patrimonial sera mis en place.
- La gestion des pigeons et des courants d’air : Un auvent sera installé à chaque entrée de la galerie ainsi que de fils tendus pour éviter les pigeons.
- La signalétique : Une nouvelle signalétique sera installée sur les auvents de la galerie, contribuant à l’identité du passage.
- L’accessibilité : le passage restera accessible pendant la durée des travaux, hormis la fermeture d’une semaine pour la pose du revêtement du sol.
L’étude initiale a également porté sur un avant-projet de rénovation des façades (enseignes, volets, air conditionné, équipements extérieurs, terrasses, etc.) et des châssis, à charge du privé, dont le but est de proposer aux propriétaires intéressés un plan de rénovation et une estimation des coûts, propriété par propriété.
De quoi inscrire le haut de la ville dans le projet de modernisation de la ville, tout en respectant son caractère classique et si particulier.